U2 - The Joshua Tree - 1987Note perso: Bien que n'étant pas spécialement fan de la bande à Bono (ouep elle est trop facile), il me semble difficile de ne pas citer U2 parmi les incontournables du rock, même si certains dénient à ce groupe de faire partie de la famille rock pure et dure.
D'une part parce qu'il serait injuste de se borner aux années 60 et 70, même si pour les papys du forum, ce sont bien évidemment les décennies les plus prolifiques (arf).
Suffit de voir qui fréquente ce topic pour se rendre compte qu'on ne prêche que des convaincus (ce qui fait déjà un bien fou !)
D'autre part et surtout parce que U2 a une place bien à lui dans le paysage rockenrollien, que Bono est un leader charismatique, que The Edge a la parfaite dégaine du guitar hero, et que bon an mal an, chaque disque (ou presque) renferme au moins une ou deux pépites universellement connues.
J'ai choisi "The Joshua Tree" parce que cet album marque l'apogée du groupe à des tas d'égards. Pourtant à titre perso, je préfère le son brut et plus rock des premiers albums ("I will follow" ou "Sunday bloody sunday" plutôt que "Desire", si vous préférez)
Toutefois, pour ceux qui penseraient qu'il est en effet nécessaire d'ajouter au moins une galette de U2 à sa discothèque, je conseillerais le best of "18 singles", qui est un assez bel assemblage de tous les titres essentiels du groupe. Perso, je préfère ce best of là aux deux compils de singles, rassemblés par décennie.
From WikiThe Joshua Tree est le 5e album studio de U2 sorti le 9 mars 1987 sur Island Records. Il a été produit par Brian Eno et Daniel Lanois.
Contexte Dix mois de tournée ont épuisé un groupe qui a été de tous les festivals et a volé la vedette à toutes les autres stars présentes au fameux Live Aid organisé par Bob Geldof et n'a pas eu le temps de penser à son avenir.
De 1986, on retient surtout sa participation à la tournée Amnesty International : Conspiracy Of Hope. Pourtant, le quatuor a tout de même trouvé le temps de créer son propre label, Mother Records, pour aider les jeunes talents irlandais. Bono, pour sa part, a collaboré avec le groupe Clannad et est parti en Éthiopie, une expérience dont il revient fortement marqué.
Ce n'est qu'à la fin de 1986 que U2 se rassemble pour travailler à la suite du The Unforgettable Fire. U2 conserve l'équipe gagnante : l'Anglais Brian Eno et le Canadien Daniel Lanois sont donc rappelés pour cet album.
Critique Pour la décennie passée, U2 est le groupe par qui le rock continue d'exister.The Joshua Tree est sans doute le disque le plus organique, le plus chaleureux enregistré par le quatuor, un résultat dû au fait que, cette fois-ci, Eno s'est quelque peu effacé au profit de Lanois.
L'album s'ouvre sur ce que l'on peut appeler la Sainte-Trinité des Irlandais, trois morceaux au romantisme imparable pour autant de tubes :
Where The Streets Have no Name, I Still Haven't Found What I'm Looking For, With or Without You… Puis l'ambiance s'assombrit avec l'inquiétant Bullet the Blue Sky où la guitare de The Edge se répand en larsens menaçants. Bono, lui, s'affirme définitivement comme un « vrai » chanteur, sa voix se fait plus soul et, accompagnée d'un seul piano sur le début de Running To Stand Still, séduit définitivement. Seul In God's Country peut rappeler un peu les envolées lyriques des débuts, alors que Exit est un morceau à part, à la structure anarchique, et annonce, sans le savoir, les expérimentations des années 1990.
Mais U2 n'en est pas encore là. Il est au sommet de sa gloire.
The Joshua Tree a été N°1 dans 23 pays dont 7 semaines d'affilée aux Etats-Unis.
15 millions d'albums se sont vendus dans le monde au cours de l'année et le groupe obtient ses premiers grammys.
Le très sérieux magazine américain Time Magazine lui offre sa une en avril 1987, un honneur que seuls The Beatles et The Who ont connu avant.
Enfin en 2003, la revue américaine Rolling Stone, dans ses 500 plus grands disques de tous les temps, a classé The Joshua Tree à la 26e place.
Pochettes des 45 Tours de l'album Chaque 45 tours présente en photo un membre du groupe. Pour Where The Streets Have No Name c'est Adam Clayton, I Still Haven't Found What I'm Looking For c'est Larry Mullen, With Or Without You c'est The Edge, enfin In God's Country et One Tree Hill c'est Bono. Toutes les pochettes des 45 tours sont de la même couleur que l'album, c'est à dire en noir et blanc.
Liste des titres1. Where the Streets Have No Name
2. I Still Haven't Found What I'm Looking For
3. With or Without You
4. Bullet The Blue Sky
5. Running To Stand Still
6. Red Hill Mining Town
7. In God's Country
8. Trip Through Your Wires
9. One Tree Hill
10. Exit
11. Mothers of the Disappeared
From DESTINATION ROCK1987 THE JOSHUA TREE …TEMOIN DU MONDE…
De temps à autres, il arrive parfois que certains arbres ne poussent pas à même le sol, mais plutôt dans les esprits.
Si pour certains férus de botanique, le Joshua Tree sera toujours évocateur de ce type de yucca que l’on trouve, entre autres, à l’ouest des Etats-Unis, dans le désert de Mojave. Pour d’autres, celui affiché en arrière plan sur le verso de la pochette du disque de U2 aura toujours pour symbolique de
représenter la terre promise. Qu’elle soit biblique ou plus prosaïquement commerciale, si l’allusion n’a en fait qu’une importance toute relative, il n’empêche que l’arbre de Josué s’avère, à l’écoute, d’un
impressionnisme saisissant, comme d’une rare sobriété de ton. Laissant de côté la puissance évocatrice des premiers albums pour nous apprivoiser par des chansons beaucoup plus nuancées, les irlandais franchissent
un nouveau cap en osant la simplicité, là ou d’autres se seraient aveuglement évertués à perpétuer l’espèce.
Toujours mené par un Bono Vox intrépide lorsqu’il s’agit de distribuer l’émotion, U2 n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit d’apostropher les grands de ce monde. Cependant, cette fois-ci, après avoir utilisé la manière forte, voici que le groupe laisse de côté le porte-voix pour mieux se faire entendre. Canalisé par Brian Eno et Daniel Lanois, tout en sublimant la mélancolie d’une lueur mystique,
The Joshua Tree apaise la rage pour mieux en extraire la douleur. Ainsi, à l’ombre cet l’arbre, là où The Edge aurait déchiré l’épaisseur des nuages, c’est avec quelques accords levant simplement les yeux vers le ciel que le message va s’avérer universel.
De nouveau, le germe de la révolte gronde sur cet album. Naturellement enclin à faire front en réponse à la violence de nos sociétés, comme nous ouvrir à l’intime d’un chanteur, si les textes n’ont rien perdu de leur puissance évocatrice, néanmoins, quelque chose a profondément changé. Sans se renier, mais
en abandonnant une réelle spontanéité au profit d’un « design musical » calibré pour le marché américain, U2 vient de gommer toutes les aspérités qui arc-boutait son rock sur l’urgence. En quelque sorte, moins de passion pour plus de sentiment. En faisant cela, le plus étrange, c’est qu’au lieu d’aseptiser totalement un univers qui se voulait révolté,
les nouveaux climats proposés, nourris d’influences nord-américaines et irlandaises, ainsi que de synthétiseurs aux penchants célestes, vont en sublimer la portée.Dans cet arbre différent des autres, là où la foi s’imprègne de soul, tandis que le blues cultive le doute, plusieurs temps forts. Diverses chansons pour nous transporter au-delà de la simple réflexion, voire nous interroger sur l’avenir. Sans besoin de les citer toutes, parce que seule l'écoute saura révéler leur pouvoir évocateur, comme leur impact émotionnel, c’est sans conteste vers l’éprouvant constat, Where The Streets Have No Name, que l’on se penchera pour définir la teneur en images fortes et sentiments compilés de cet album. A l’image de ce titre, dans lequel la souffrance rencontre le mystique, qu’il soit témoin du monde ou en quête de rédemption,
Bono est avant tout un romantique égaré sur une planète en souffrance.