De loin en loin, David Bowie nous rappelle son existence, tel un parent parti pour un trop long voyage, dont on reçoit des bribes de nouvelles grâce à des cartes postales jaunies. La dernière en date a été envoyée de l'espace. Le 20 juillet, le chanteur a réédité en format digital quatre versions de son premier succès, Space Oddity (la version mono du single anglais, les versions mono et stéréo du single américain, un réenregistrement datant de 1979), à l'occasion du quarantième anniversaire de la sortie du disque et de l'alunissage d'Apollo 11. Bowie met aussi à disposition des acheteurs les pistes originales de l'enregistrement, permettant ainsi à chacun d'élaborer son propre remix. Et de jouer à Bowie pendant son absence.
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Eclairage Chanteur et conteur dans "Storytellers"
Une semaine avant, l'icône du rock britannique avait fait un autre clin d'oeil au passé en publiant un CD-DVD, Storytellers, enregistré en 1999 à l'occasion d'une émission de la chaîne américaine VH1. En pleine forme vocale, accompagné d'un excellent groupe, David Bowie jouait face à un public de privilégiés, entrecoupant ses chansons d'anecdotes savoureuses sur sa carrière.
A 62 ans, le Thin White Duke nous rappelle parfois ce qu'il a été, mais ne nous dit rien de ce qu'il devient, lui qui, pendant près de trente-cinq ans, a nourri intensément l'histoire de la musique populaire et les fantasmes de plusieurs générations de fans.
Même au début des années 2000, quand son succès était moins étincelant, Bowie enchaînait les disques et les tournées. Jusqu'à l'accident cardiaque, survenu le 25 juin 2004 sur la scène d'un festival allemand. Alors qu'il avait arrêté de fumer depuis six mois, le chanteur payait des décennies de consommation intensive de tabac - jusqu'à 60 cigarettes par jour. Après avoir subi une angioplastie, il avait été contraint à un long repos forcé. Depuis, sa carrière se dessine en pointillé.
Exceptionnellement, celui qui est resté une des influences majeure de la scène rock (pour sa nouvelle tournée, U2 entre sur scène au son de Space Oddity), est réapparu sur scène, accompagnant par exemple, en 2005, le groupe canadien Arcade Fire, ou, en 2006, la chanteuse soul Alicia Keys, puis l'ancien guitariste de Pink Floyd, David Gilmour, au Royal Albert Hall de Londres.
Sur disque, on a pu l'entendre aux choeurs sur les albums d'un groupe danois, Kashmir, et des Américains de TV on the Radio, ainsi qu'en 2008, dans deux titres du premier album de l'actrice Scarlett Johansson.
L'an dernier, le chanteur s'était amusé à choisir et à commenter des titres pour une compilation CD de ses chansons, iSelect, distribuée gratuitement dans le magazine anglais The Mail on Sunday. A cette occasion, Bowie prenait le parti de mettre en avant des titres moins connus de son catalogue.
Des rumeurs annonçaient la production pour Broadway d'une comédie musicale basée sur son répertoire, puis la possibilité de ressusciter le personnage mythique de l'album Ziggy Stardust pour le festival californien de Coachella. Des informations démenties par l'entourage de la star.
L'absence de celui qu'on a parfois surnommé le Dorian Gray du rock n'a pas manqué d'alimenter de méchants échos sur son état de santé. Comme pour les démentir, Bowie réapparaît de temps en temps en public, rayonnant au bras de sa femme, la top-modèle somalienne Iman, épousée en 1992, comme lors du festival de cinéma du Vanity Fair Tribeca, dont il était membre du jury 2008.
Le 23 janvier, c'est au Sundance Film Festival qu'on l'a vu - un peu arrondi et barbe de trois jours - applaudir Moon, le premier long métrage de son fils, le réalisateur Duncan Jones. Bien reçu par la critique, ce film de science-fiction pourra rappeler aux fans que le papa débuta sa carrière d'acteur, en 1976, dans un film d'anticipation de Nicolas Roeg, L'homme qui venait d'ailleurs.
A New York, où il habite depuis la seconde moitié des années 1990, il se dit que Bowie prend surtout le temps de profiter de sa fille de 8 ans, Alexandria. Il se murmure aussi qu'il aurait à nouveau fréquenté un studio d'enregistrement berlinois. Berlin où, entre 1976 et 1979, il produisit, avec la complicité de Brian Eno, une trilogie (les albums Low, Heroes et Lodger) qui marqua l'histoire du rock.
A moins que le sexagénaire ne réserve son grand retour pour les Jeux olympiques de Londres, en 2012. Un "supergroupe" serait en train d'être mis sur pied pour la cérémonie d'ouverture. Pourraient y figurer : les Rolling Stones, Elton John, Sting, Phil Collins, Van Morrison, Jimmy Page et... David Bowie.
Stéphane Davet - Le monde
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Une semaine avant, l'icône du rock britannique avait fait un autre clin d'oeil au passé en publiant un CD-DVD, Storytellers, enregistré en 1999 à l'occasion d'une émission de la chaîne américaine VH1. En pleine forme vocale, accompagné d'un excellent groupe, David Bowie jouait face à un public de privilégiés, entrecoupant ses chansons d'anecdotes savoureuses sur sa carrière.
A 62 ans, le Thin White Duke nous rappelle parfois ce qu'il a été, mais ne nous dit rien de ce qu'il devient, lui qui, pendant près de trente-cinq ans, a nourri intensément l'histoire de la musique populaire et les fantasmes de plusieurs générations de fans.
Même au début des années 2000, quand son succès était moins étincelant, Bowie enchaînait les disques et les tournées. Jusqu'à l'accident cardiaque, survenu le 25 juin 2004 sur la scène d'un festival allemand. Alors qu'il avait arrêté de fumer depuis six mois, le chanteur payait des décennies de consommation intensive de tabac - jusqu'à 60 cigarettes par jour. Après avoir subi une angioplastie, il avait été contraint à un long repos forcé. Depuis, sa carrière se dessine en pointillé.
Exceptionnellement, celui qui est resté une des influences majeure de la scène rock (pour sa nouvelle tournée, U2 entre sur scène au son de Space Oddity), est réapparu sur scène, accompagnant par exemple, en 2005, le groupe canadien Arcade Fire, ou, en 2006, la chanteuse soul Alicia Keys, puis l'ancien guitariste de Pink Floyd, David Gilmour, au Royal Albert Hall de Londres.
Sur disque, on a pu l'entendre aux choeurs sur les albums d'un groupe danois, Kashmir, et des Américains de TV on the Radio, ainsi qu'en 2008, dans deux titres du premier album de l'actrice Scarlett Johansson.
L'an dernier, le chanteur s'était amusé à choisir et à commenter des titres pour une compilation CD de ses chansons, iSelect, distribuée gratuitement dans le magazine anglais The Mail on Sunday. A cette occasion, Bowie prenait le parti de mettre en avant des titres moins connus de son catalogue.
Des rumeurs annonçaient la production pour Broadway d'une comédie musicale basée sur son répertoire, puis la possibilité de ressusciter le personnage mythique de l'album Ziggy Stardust pour le festival californien de Coachella. Des informations démenties par l'entourage de la star.
L'absence de celui qu'on a parfois surnommé le Dorian Gray du rock n'a pas manqué d'alimenter de méchants échos sur son état de santé. Comme pour les démentir, Bowie réapparaît de temps en temps en public, rayonnant au bras de sa femme, la top-modèle somalienne Iman, épousée en 1992, comme lors du festival de cinéma du Vanity Fair Tribeca, dont il était membre du jury 2008.
Le 23 janvier, c'est au Sundance Film Festival qu'on l'a vu - un peu arrondi et barbe de trois jours - applaudir Moon, le premier long métrage de son fils, le réalisateur Duncan Jones. Bien reçu par la critique, ce film de science-fiction pourra rappeler aux fans que le papa débuta sa carrière d'acteur, en 1976, dans un film d'anticipation de Nicolas Roeg, L'homme qui venait d'ailleurs.
A New York, où il habite depuis la seconde moitié des années 1990, il se dit que Bowie prend surtout le temps de profiter de sa fille de 8 ans, Alexandria. Il se murmure aussi qu'il aurait à nouveau fréquenté un studio d'enregistrement berlinois. Berlin où, entre 1976 et 1979, il produisit, avec la complicité de Brian Eno, une trilogie (les albums Low, Heroes et Lodger) qui marqua l'histoire du rock.
A moins que le sexagénaire ne réserve son grand retour pour les Jeux olympiques de Londres, en 2012. Un "supergroupe" serait en train d'être mis sur pied pour la cérémonie d'ouverture. Pourraient y figurer : les Rolling Stones, Elton John, Sting, Phil Collins, Van Morrison, Jimmy Page et... David Bowie.
Stéphane Davet - Le monde