Bertrand Dicale
27 février 2006
Disparu le 2 mars 1991, le chanteur, auteur et compositeur reste au premier plan et suscite une nouvelle fois une vague de parutions chez les disquaires et en librairie.
IL Y A cinq ans, tout le monde s'était trouvé surpris. Déjà dix ans, soupirait-on. Cette semaine, cela fera quinze ans que Serge Gainsbourg est mort, mais, cette fois-ci, on n'a pas l'impression que ces célébrations ravivent autant le souvenir qu'en 2001. Il est vrai qu'il n'a guère quitté l'actualité, qu'il n'a guère été absent du regard. Non en lui-même, certes, mais par son héritage, un héritage qui n'est certainement pas du même ordre que celui de ses prédécesseurs au panthéon de la chanson française, Georges Brassens, Jacques Brel ou Léo Ferré, mais qui n'en est pas moins présent, comme si l'actualité de la chanson se déroulait tout entière sous son soleil, exactement.
A la mort de Serge Gainsbourg, le 2 mars 1991, on attend son prochain album, qui devrait être intitulé Moi m'aime bwana ou Christian name Christian et être enregistré à La Nouvelle-Orléans. Divers scandales sont encore frais dans les mémoires : un billet de banque brûlé à la télévision, une chanteuse américaine outragée, une curieuse chanson flirtant avec l'inceste... Mais c'est une star chez les gamins. Les explicit lyrics de Love on The Beat, les concerts de gros funk au Zénith, les provocations qui exaspèrent les bien-pensants, tout cela assure une gloire énorme à Gainsbourg, une gloire qui ne l'a pas quitté depuis l'album Aux armes et caetera, en 1979, et une certaine Marseillaise reggae. Avant, il n'avait eu qu'un seul gros tube dans sa carrière, Je t'aime moi non plus, bel objet de scandale, en 1969. Il faudra le reggae et le funk pour qu'il conquière gloire et ventes, entraînant avec lui l'odieux personnage de Gainsbarre - débit pâteux, barbe de trois jours, manières de goujat.
Les fans, la critique, beaucoup d'artistes de la chanson considèrent déjà que l'insuccès de ses quatre albums des années 70 est immérité. Pourtant, Melody Nelson (1971), Vu de l'extérieur (1973), Rock Around the Bunker (1975) et L'Homme à la tête de chou (1977) ont changé la manière d'écrire et de réaliser des disques. A sa mort, le grand public n'a pas encore totalement basculé dans le respect. A peine La Javanaise est-elle déjà entrée parmi les chansons préférées des Français.
Quinze ans après, une révision est survenue : exit Gainsbarre, ses chemises kaki et ses lunettes noires, ce sont les chansons d'un Gainsbourg classieux qui dominent le paysage, les bijoux enregistrés par un jeune homme aux cheveux de jais, cigarette entre les doigts et costumes de dandy pré-pop.
Disparu le 2 mars 1991, le chanteur, auteur et compositeur reste au premier plan et suscite une nouvelle fois une vague de parutions chez les disquaires et en librairie.
IL Y A cinq ans, tout le monde s'était trouvé surpris. Déjà dix ans, soupirait-on. Cette semaine, cela fera quinze ans que Serge Gainsbourg est mort, mais, cette fois-ci, on n'a pas l'impression que ces célébrations ravivent autant le souvenir qu'en 2001. Il est vrai qu'il n'a guère quitté l'actualité, qu'il n'a guère été absent du regard. Non en lui-même, certes, mais par son héritage, un héritage qui n'est certainement pas du même ordre que celui de ses prédécesseurs au panthéon de la chanson française, Georges Brassens, Jacques Brel ou Léo Ferré, mais qui n'en est pas moins présent, comme si l'actualité de la chanson se déroulait tout entière sous son soleil, exactement.
A la mort de Serge Gainsbourg, le 2 mars 1991, on attend son prochain album, qui devrait être intitulé Moi m'aime bwana ou Christian name Christian et être enregistré à La Nouvelle-Orléans. Divers scandales sont encore frais dans les mémoires : un billet de banque brûlé à la télévision, une chanteuse américaine outragée, une curieuse chanson flirtant avec l'inceste... Mais c'est une star chez les gamins. Les explicit lyrics de Love on The Beat, les concerts de gros funk au Zénith, les provocations qui exaspèrent les bien-pensants, tout cela assure une gloire énorme à Gainsbourg, une gloire qui ne l'a pas quitté depuis l'album Aux armes et caetera, en 1979, et une certaine Marseillaise reggae. Avant, il n'avait eu qu'un seul gros tube dans sa carrière, Je t'aime moi non plus, bel objet de scandale, en 1969. Il faudra le reggae et le funk pour qu'il conquière gloire et ventes, entraînant avec lui l'odieux personnage de Gainsbarre - débit pâteux, barbe de trois jours, manières de goujat.
Les fans, la critique, beaucoup d'artistes de la chanson considèrent déjà que l'insuccès de ses quatre albums des années 70 est immérité. Pourtant, Melody Nelson (1971), Vu de l'extérieur (1973), Rock Around the Bunker (1975) et L'Homme à la tête de chou (1977) ont changé la manière d'écrire et de réaliser des disques. A sa mort, le grand public n'a pas encore totalement basculé dans le respect. A peine La Javanaise est-elle déjà entrée parmi les chansons préférées des Français.
Quinze ans après, une révision est survenue : exit Gainsbarre, ses chemises kaki et ses lunettes noires, ce sont les chansons d'un Gainsbourg classieux qui dominent le paysage, les bijoux enregistrés par un jeune homme aux cheveux de jais, cigarette entre les doigts et costumes de dandy pré-pop.
27 février 2006
Disparu le 2 mars 1991, le chanteur, auteur et compositeur reste au premier plan et suscite une nouvelle fois une vague de parutions chez les disquaires et en librairie.
IL Y A cinq ans, tout le monde s'était trouvé surpris. Déjà dix ans, soupirait-on. Cette semaine, cela fera quinze ans que Serge Gainsbourg est mort, mais, cette fois-ci, on n'a pas l'impression que ces célébrations ravivent autant le souvenir qu'en 2001. Il est vrai qu'il n'a guère quitté l'actualité, qu'il n'a guère été absent du regard. Non en lui-même, certes, mais par son héritage, un héritage qui n'est certainement pas du même ordre que celui de ses prédécesseurs au panthéon de la chanson française, Georges Brassens, Jacques Brel ou Léo Ferré, mais qui n'en est pas moins présent, comme si l'actualité de la chanson se déroulait tout entière sous son soleil, exactement.
A la mort de Serge Gainsbourg, le 2 mars 1991, on attend son prochain album, qui devrait être intitulé Moi m'aime bwana ou Christian name Christian et être enregistré à La Nouvelle-Orléans. Divers scandales sont encore frais dans les mémoires : un billet de banque brûlé à la télévision, une chanteuse américaine outragée, une curieuse chanson flirtant avec l'inceste... Mais c'est une star chez les gamins. Les explicit lyrics de Love on The Beat, les concerts de gros funk au Zénith, les provocations qui exaspèrent les bien-pensants, tout cela assure une gloire énorme à Gainsbourg, une gloire qui ne l'a pas quitté depuis l'album Aux armes et caetera, en 1979, et une certaine Marseillaise reggae. Avant, il n'avait eu qu'un seul gros tube dans sa carrière, Je t'aime moi non plus, bel objet de scandale, en 1969. Il faudra le reggae et le funk pour qu'il conquière gloire et ventes, entraînant avec lui l'odieux personnage de Gainsbarre - débit pâteux, barbe de trois jours, manières de goujat.
Les fans, la critique, beaucoup d'artistes de la chanson considèrent déjà que l'insuccès de ses quatre albums des années 70 est immérité. Pourtant, Melody Nelson (1971), Vu de l'extérieur (1973), Rock Around the Bunker (1975) et L'Homme à la tête de chou (1977) ont changé la manière d'écrire et de réaliser des disques. A sa mort, le grand public n'a pas encore totalement basculé dans le respect. A peine La Javanaise est-elle déjà entrée parmi les chansons préférées des Français.
Quinze ans après, une révision est survenue : exit Gainsbarre, ses chemises kaki et ses lunettes noires, ce sont les chansons d'un Gainsbourg classieux qui dominent le paysage, les bijoux enregistrés par un jeune homme aux cheveux de jais, cigarette entre les doigts et costumes de dandy pré-pop.
Disparu le 2 mars 1991, le chanteur, auteur et compositeur reste au premier plan et suscite une nouvelle fois une vague de parutions chez les disquaires et en librairie.
IL Y A cinq ans, tout le monde s'était trouvé surpris. Déjà dix ans, soupirait-on. Cette semaine, cela fera quinze ans que Serge Gainsbourg est mort, mais, cette fois-ci, on n'a pas l'impression que ces célébrations ravivent autant le souvenir qu'en 2001. Il est vrai qu'il n'a guère quitté l'actualité, qu'il n'a guère été absent du regard. Non en lui-même, certes, mais par son héritage, un héritage qui n'est certainement pas du même ordre que celui de ses prédécesseurs au panthéon de la chanson française, Georges Brassens, Jacques Brel ou Léo Ferré, mais qui n'en est pas moins présent, comme si l'actualité de la chanson se déroulait tout entière sous son soleil, exactement.
A la mort de Serge Gainsbourg, le 2 mars 1991, on attend son prochain album, qui devrait être intitulé Moi m'aime bwana ou Christian name Christian et être enregistré à La Nouvelle-Orléans. Divers scandales sont encore frais dans les mémoires : un billet de banque brûlé à la télévision, une chanteuse américaine outragée, une curieuse chanson flirtant avec l'inceste... Mais c'est une star chez les gamins. Les explicit lyrics de Love on The Beat, les concerts de gros funk au Zénith, les provocations qui exaspèrent les bien-pensants, tout cela assure une gloire énorme à Gainsbourg, une gloire qui ne l'a pas quitté depuis l'album Aux armes et caetera, en 1979, et une certaine Marseillaise reggae. Avant, il n'avait eu qu'un seul gros tube dans sa carrière, Je t'aime moi non plus, bel objet de scandale, en 1969. Il faudra le reggae et le funk pour qu'il conquière gloire et ventes, entraînant avec lui l'odieux personnage de Gainsbarre - débit pâteux, barbe de trois jours, manières de goujat.
Les fans, la critique, beaucoup d'artistes de la chanson considèrent déjà que l'insuccès de ses quatre albums des années 70 est immérité. Pourtant, Melody Nelson (1971), Vu de l'extérieur (1973), Rock Around the Bunker (1975) et L'Homme à la tête de chou (1977) ont changé la manière d'écrire et de réaliser des disques. A sa mort, le grand public n'a pas encore totalement basculé dans le respect. A peine La Javanaise est-elle déjà entrée parmi les chansons préférées des Français.
Quinze ans après, une révision est survenue : exit Gainsbarre, ses chemises kaki et ses lunettes noires, ce sont les chansons d'un Gainsbourg classieux qui dominent le paysage, les bijoux enregistrés par un jeune homme aux cheveux de jais, cigarette entre les doigts et costumes de dandy pré-pop.