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Life, la bio du vieux Keith

4 participants

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26Life, la bio du vieux Keith - Page 2 Empty Re: Life, la bio du vieux Keith Jeu 18 Nov - 21:21

pilou

pilou
jamais content

Encore un article avec ITV à propos de la sortie de la bio évènement de Keith Richards me direz vous....
Ben vi, mais cet article là, sorti il y a quelques jours dans Libé, est signé d'un vrai enfant du rock, j'ai nommé Antoine de Caunes !


Interview | 13 novembre 2010


Keith Richards, gratte et papier

Par ANTOINE DE CAUNES


Antoine de Caunes a rencontré pour «Libération» le guitariste mythique des Rolling Stones à l’occasion de la sortie de son autobiographie, «Life».
Life, la bio du vieux Keith - Page 2 1289819455 Keith Richards, le 8 novembre. - Richard Dumas



Après un demi-siècle d’une rock’n’roll life dont il est devenu, pour le meilleur et pour le pire, l’Incarnation, après la cosignature d’un nombre d’hymnes dont on sait par avance qu’ils survivront à un conflit nucléaire généralisé, l’absorption d’une quantité phénoménale de substances, de rivières entières de gnôle, et un tabagisme irréductible à toutes les injonctions sanitaires, Keith Richards est en pleine forme. Il résume très bien la situation d’un aphorisme à cheval entre Nietzsche et le Samu : «Ce qui vous tuerait ne me tue pas.» La position à cheval lui étant d’autant plus naturelle qu’il est Sagittaire, «moitié homme, moitié cheval, avec autorisation de chier dans la rue». Moitié homme, moitié bourrin, serais-je tenté d’ajouter, tant la vie de cet homme - sans parler de sa survie - est décidément stupéfiante.
Voilà des années qu’on s’en étonne, des années qu’on s’en réjouit. Depuis les années 60. L’acteur Robin Williams a résumé un jour en une heureuse formule un fait pourtant considéré comme objectif : «Si vous vous souvenez des années 60, c’est que vous n’y étiez pas.» Keith, qui n’aime rien tant que culbuter le sens commun et les idées reçues, y était. C’est le moins qu’on puisse dire. Et il se souvient de tout. Et nous saute aussitôt aux yeux - et aux oreilles - que, dans ce tout, il y a une place pour nous : la mémoire individuelle, unique, de Keith électrifiant notre mémoire collective à coups de riffs cinglants.
La scène, bulle magique


On décortiquait tout ce qui nous tombait sous la main. Tiens : cette photo, sur les Champs-Elysées, qui, légèrement recadrée, avait servi de pochette à deux 45 tours (pressage françaoui) différents : Time Is on My Side et (I Can’t Get No) Satisfaction. Les Stones sur les Champs, propres sur eux, rangés en ligne, entre une 404 frôlant Wyman et une DS rouge filant vers l’Arc de triomphe, à droite de Charlie. Keith, costard, chemise et lunettes noires, Mick en veston clair, col roulé vert jardin, regard par en dessous, pose western spaghetti, et Brian au milieu, l’air sournois d’un enfant de chœur venant de pisser dans le vin de messe. Les Stones se tenant exactement sur la future ligne d’arrivée du Tour de France, deux ans avant que la mort de Tom Simpson sur les côtes du Ventoux ne commence à faire parler de dopage. Visionnaires !
Les Stones à Paris, France, où ils reviendraient mille fois, pour enregistrer, de Boulogne-Billancourt à la Côte d’Azur, jouer, faire la fête ou simplement résider. Paris, où Keith apprendrait, en montant sur scène - aux fameux Abattoirs ! - la mort de son fils Tara, nouveau-né, alors que son aîné, Marlon, 7 ans, l’accompagnait sur la route. Paris qui, du coup, aurait légitimement pu devenir une ville maudite dans son souvenir. Et quand je pense qu’on y était, dans la foule surchauffée par les récits mythiques du STP (Stone Tour Party) de 1972, nos héros encore grandis par cette avalanche de nouvelles légendes plus ou moins urbaines, ignorant que Keith, méprisant la mort, subite ou non, était quand même monté sur scène, là-haut, dans cette bulle magique où plus rien ne vous atteint.
Vieux flibustier déréglé


On ne sort pas tout à fait indemne de la lecture galopante et fiévreuse de sa Life. Comme si l’on venait de descendre des rapides sans y avoir été psychologiquement préparé, pour en ressortir grelottant, claqué d’émotion, incrédule et renversé. Pourtant, ce n’est pas faute de s’être enfilé de la bio de rocker, des meilleures (Lennon ou Buddy Holly, par Philip Norman, Macca, par Barry Miles, Spector par Mick Brown ou bien, à l’inverse, de la bio dégradable, et pas toujours issue du commerce équitable). Mais là, on atteint des sommets. L’air s’y fait rare. C’est Keith qui cause, certes épaulé par son vieux pote James Fox (ne pas confondre avec l’acteur homonyme qui donnait la réplique à Jagger dans Performance, et qui, traumatisé par cette expérience, disons, particulière, mit une parenthèse de neuf ans à sa carrière), et s’y livre sans tabou - sans voyeurisme non plus -, avouant tout, ne regrettant rien.
Bien sûr - sa participation à Pirates des Caraïbes vient-elle confirmer l’impression ? -, c’est sur un vieux flibustier qu’on s’attend à tomber, ou plus exactement sur un Long John Silver tel que raconté par lui-même sous la plume de Björn Larsson, génial romancier suédois, il y a quelques années. Rappelons le principe : Silver, le pirate unijambiste qui terrorise le jeune Jim Hawkins de l’Ile au trésor, héros de fiction, donc, prend la plume pour raconter sa véritable existence, soit un pan entier de l’histoire de la piraterie (comme celle de Keith l’est d’un des murs porteurs du rock), et ceci dans le but de brouiller d’avantage les pistes tout en prétendant les éclaircir.
La question se pose autrement : «la Vie» que raconte Keith, l’a-t-il vécue ? Rêvée ? Les deux ? Comment un homme qui s’est perdu, abîmé à ce point dans la défonce, l’irréalité, a-t-il fait pour garder à ce point le cap et ne jamais sombrer, quitte à passer de nombreuses fois au bord du gouffre ? D’où lui viennent cette prodigieuse mémoire, cette philosophie de l’existence, animées par un humour, comme on dit, ravageur ? Comment ce type déréglé, vaisseau fantôme à lui tout seul, a-t-il fini par se transformer en chaman dont on recueille les pensées, cocktail de candeur à la Van Damme, de fulgurances poétiques à la Cantona et de cruauté lucide à la Swift ? Comment Keith a-t-il fait pour réussir le prodige de devenir le «Fool on the Hill» de ses copains et néanmoins rivaux, après avoir incarné le Diable dont il joue si divinement la musique ? C’est là un des authentiques mystères de l’époque, qui en compte pourtant de moins en moins. Un enchantement, dans une époque de désenchantement. Et tant pis si Keith n’a pas toujours, et de loin, chanté juste.
Bobo ? Bo tout court.


Avant d’attaquer le pavé - 660 pages - (la moindre des choses pour le coauteur de Street Fighting Man), je m’étais remis en mémoire cette déclaration datant d’il y a quelques années : «On ne peut rien dire de moi que tout le monde ne sache déjà. On ne peut pas avoir pire réputation que la mienne. Je me suis rendu compte dans les années 70 que je n’avais aucune raison de mentir, que tout le monde allait croire de toute façon des choses bien pires ; je n’avais plus rien derrière quoi me cacher… Rien ne mérite qu’on mente» (1).
La bonne nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, si je puis dire, ces dernières semaines. «La Vie» est belle. Life is beautiful. «Aucune raison de mentir» ? Alors autant y aller franchement, en évitant avec une certaine virtuosité le piège fatal de la «confession», terme infiniment trop chargé de bondieuserie ou de mise à table policières, deux domaines dont le vieux Keith se défie comme de la peste. Qui dit confession dit pénitence ou rédemption, et c’est peu dire qu’on n’en trouve guère trace.
Même entre les lignes.
Un pirate, on vous dit. Un vrai.
Le lecteur - la fameuse mémoire collective - enfoncera le clou de son côté : aucun remords à avoir suivi le sillage des Stones - enfin de Keith - même de loin, même fantasmé. On eut même parfois la faiblesse complaisante de trouver flamboyant son prosélytisme affiché pour la défonce et l’autodestruction, susceptibles après tout de tenter, voire plus si affinités, des esprits plus faibles et des constitutions moins robustes. Mais ne tenait-on pas là une incarnation absolue de l’esprit de bohème, d’une vie rêvée dans le monde merveilleux du rock’n’roll, ses images d’Epinal incluses, dont nous aurions tous rêvé ? Bobo ? Non, non. Bo tout court. Sublime dans son goût de la décadence et son défi permanent aux bien-pensants du moment. Pas davantage de regrets, sauf à verser des larmes inutiles sur une jeunesse enfouie.
Et rien que d’en parler, tiens, une nouvelle vague de souvenirs humides, d’émotions stoniennes se bouscule instantanément à travers la couche Confiance de notre mémoire. Quelques-unes, pêle-mêle, pour la route : ces longs frotti-frottas dans la pénombre des boumsprovoqués par le propice médium tempo de Going Home, sur Aftermath. Les séances de pose devant le miroir, air-guitare en main, à mouliner comme Keith, la moue mauvaise, sur les riffs incandescents (un riff est soit cinglant soit incandescent) de Jumping Jack Flash. La conviction naïve que la seule force de Street Fighting Man suffirait à mettre le feu aux poudres, ou, à tout le moins, devenir la chanson emblématique de ce printemps 68 qui s’annonçait agité. L’épluchage méthodique de Beggar’s Banquet et de son sulfureux diptyque représentant un banquet médiéval destroy. Cet entretien d’une vaporeuse et agaçante mondanité avec Jagger en 1982, dans les coulisses d’un stade de Rotterdam, le premier d’une longue série où il faudrait désormais venir équipé d’un télescope en n’espérant que des vents favorables. Ou encore, bien des années après, ces concerts surprises à l’Olympia qui réconcilieraient tout le monde, en redonnant un peu de chair, de stupre, de sueur et de gras à la machine.
Au final, une brouette pleine d’émerveillements et de doléances mêlés, exactement à l’image de cette relation faite d’amour et de haine entre Keith et Mick sur laquelle il revient dans le détail, et dont, bien sûr, le Moloch médiatique ne retiendra pour ses manchettes que le détail (la teube de Mick).
Bagouzes, bracelet, Marlboro


Tout ça juste pour résumer mon émotion en me rendant à l’hôtel Meurice, Paris Ier, en ce début novembre, pour y croiser Long John Richards, auteur de cet ovni littéraire baptisé Life. Tout en souriant de l’ironie de la situation : le pirate en chef, l’une des gueules les plus placardées sur les murs des brigades des stups de tous les pays, traqué par tous les flics du monde, menotté, coffré, molesté, embastillé, l’outlaw modèle, reçu en grande pompe au sein même d’une des destinations les plus convoitées de l’establishment international. A deux pas de l’Elysée, un havre de paix pour marchands d’armes, tyranneaux subsahariens en visite protocolaire, capitaines d’industrie plus raisonnablement kasher, et désormais, donc, rockers inoxydables et irréductibles. Et, déambulant dans les longs couloirs feutrés, conduit jusqu’à la cage du fauve par un état-major anglo-saxon travaillant son journaliste comme les Provençaux leurs olives, avec une première pression à froid, la tête pleine de ces 660 pages pleines de bruit et de fureur, me raisonnant pour ne pas simplement ouvrir la conversation et mon cœur par cet aveu spontané : «Il m’a cloué au mur, votre bouquin. Sa radicalité, son honnêteté (pour un pirate s’entend), l’absence totale de bullshit, son humour, sa mauvaise foi, son électricité… C’est pas un livre sur le rock, c’est le rock qui cause, en personne, comme dans Rolling Richards, etc.»
Les contraintes de la rencontre apparaissent rapidement : Keith, jeté en pâture pendant deux jours aux médias français et européens, chaque entrevue chronométrée alors que, par définition, il faudrait des heures pour papoter avec un zozo de ce calibre. Et le temps, Keith…
Evidemment, il se fait attendre. Après tout, le temps richardsien n’est pas celui du commun des mortels. Commun, il ne l’est pas, et mortel, ça reste toujours à prouver. J’attends donc dans la chambre, comme une bonne petite gagneuse, qu’on m’amène le client, en jetant un coup d’œil sur cette photo de Mondino que je lui ai apportée en guise de bienvenue. Keith collé à un mur de Marshall, sa Fender en pogne, clope au bec, le regard vague, lâché, comme un bateau ivre dont on viendrait de rompre les amarres. Une image sublime. Ne devrait-il en rester qu’une, ce serait celle-là. Dehors, c’est la tempête. Trombes d’eau, rafales, les arbres qui se dépouillent. Des pas feutrés, une porte qui s’ouvre, on le fait entrer.
Maintenant, tout autre la jouerait cool, limite détaché. Et je m’y emploie, en me disant que décidément j’ai encore des progrès à faire en comédie. Mais il me reste assez de lucidité pour comprendre : je suis juste en train de serrer la louche de Keith Richards, la meilleure main droite du rock, et l’un de ses plus galvanisants hémisphères gauches.
Souriant de ses quatre-vingt-douze ratiches toutes neuves, rangées comme pour le défilé, après les escapades des années 60, 70 et 80, un Borsalino crème obstinément vissé sur un crâne récemment trépané, une certaine fragilité dans l’équilibre général, et cet œil timide et narquois. C’est bien lui. Question dégaine, c’est Bozo le clown meets Higelin.
Un effet Vache qui rit inversé


L’archange du rock’n’roll, là, aujourd’hui, il nous a fait un petit combiné audacieux dont les Anglais ont le secret. Redingote camel trois-quarts, écharpe immense à motif, celui-ci pouvant évoquer la fameuse tête de mort griffe-signature, un pantalon en velours et des pompes vert pomme. Ajoutez à tout cela bagouzes vanité, bracelet menottes et l’inséparable Marlboro (rouge, bien sûr) en train de se consumer tranquillement, et vous avez le tableau : ecce homo.
Présentations. Je commence par le petit cadeau, la photo. En se découvrant, avec une petite dizaine d’années de moins, il a une réaction spontanée et, paradoxalement, débarrassée de tout narcissisme. Un regard amusé sur lui-même, par ce que Mondino a réussi à choper : l’essence même de Keith Richards. Pour le coup, c’est un peu le portrait qui regarde Dorian Gray. Comme un effet Vache qui rit inversé, mais l’intéressé ne semble pas s’en formaliser.
Mis en humeur, il s’assoit pour se plier, comme le fait le roseau, à l’exercice promo. Disponible mais comme déjà las, ici sans y être tout à fait, un derviche tourneur suspendu en plein mouvement.


En lisant Life, je me demandais si le plaisir l’avait emporté sur la douleur quand il s’est agi de redérouler le fil de votre vie agitée?
C’est une question que j’ai commencé à me poser depuis que j’ai écrit le bouquin. Plus douloureux en un sens parce que vous devez réfléchir sur ce qui s’est passé, alors que, quand ça arrive, vous êtes dedans, vous avancez. C’est toujours difficile de replonger dans sa propre vie. Au début, je pensais que ça serait facile… J’avais une année devant moi, on venait juste de terminer une très longue tournée avec les Stones. J’avais le temps, je me suis dit que ça ne devrait pas être si difficile que ça. En fait si, c’est vraiment difficile de regarder en arrière.
Vous dites que la mémoire est fiction. Quelle est la part de la mémoire et celle de la fiction dans Life?
Y a pas mal d’humour qui rentre là-dedans. Mais c’est surtout très factuel. Par fiction, je veux dire que quand la célébrité et l’image entrent en jeu, ça devient rapidement très difficile de faire la différence entre les deux… J’ai essayé de faire la différence entre l’image et la réalité. Pour moi, c’était ça, la chose importante.
Avez-vous coupé quelques histoires embarrassantes ? Pour ne blesser personne?
J’ai essayé autant que faire se peut. Rien n’a été écrit dans l’intention de blesser qui que ce soit. En même temps, je devais raconter les coulisses de cette histoire, de ce qui se passait. Je ne suis pas un mec blessant vous savez… Mais c’est l’honnêteté qui, à un moment, doit l’emporter. J’ai coupé pas mal de ladies. Pas de noms. Que des petites histoires périphériques. J’espère avoir gardé l’épine dorsale de l’histoire, la moelle… (Une pause, il tire une taffe, souffle et se sourit à lui-même.) Bien sûr, je m’attendais à provoquer de l’intérêt, mais soudain je me retrouve auteur mondial numéro 1 ! (Il se fait marrer tout seul.) C’est excitant vous savez…
Sans doute les gens sont-ils sensibles à votre manière franche et honnête de parler de la vie et de la musique. Et sans retape. Vous auriez pu tout aussi bien l’appeler «Sex, Drugs and Rock’n’Roll»…
(Rires.) Oui, ou inverser l’ordre : «Rock’n Roll, Drugs and Sex». La musique d’abord.
Dans le livre, vous dites que quand les Rolling Stones ont commencé à connaître un énorme succès, quelque chose vous a échappé, et que vous courez toujours après. Comment définiriez-vous cela aujourd’hui?
Je crois que c’est une question d’échelle. Au départ, on était un petit groupe et tout ça est arrivé brutalement dans nos vies. Personne avant nous n’avait connu un truc pareil. Il faut imaginer à quelle échelle ça se jouait : cinq petits gars assis dans les vestiaires de stades de foot gigantesques et regardant tout autour d’eux… Mick, Charlie, Ronnie n’est-ce pas… l’échelle de tout ça… Bien sûr, chacun d’entre nous a dû s’adapter à cette démesure, y survivre.
C’est quelque chose que vous cherchez à retrouver, cette première sensation d’être un petit groupe de rock?
Oui, je ressens toujours ça. Je regrette l’intimité des clubs ou des petites salles, dans lesquelles on rejoue occasionnellement. Le plus important, c’était d’arriver à dealer avec ces choses qui devenaient de plus en plus énormes… les contraintes de la scène, s’adapter aux technologies de pointe, les écrans, le matériel sonore, toute cette incroyable logistique.
Et aussi garder la musique en première place…
Oui, c’est ça, la musique avant tout. J’ai toujours espéré que la musique soit suffisamment bonne pour que le show ne prenne pas le pas dessus. Après tout, j’avais avec moi le meilleur showman du monde, vous savez, Mick Jagger… et mon rôle, c’est de le soutenir (l’image l’amuse, peut-être à s’imaginer en déambulateur de Mick).
Si vous aviez 17 ans aujourd’hui, seriez-vous inspiré par le hip-hop comme vous l’avez été par le blues dans votre jeunesse?
Non, le hip-hop c’est une variante. Le blues c’est autre chose… Ça traverse toute la musique pop depuis les premiers enregistrements. Je veux dire que le blues, c’est la colonne vertébrale du jazz, du rock’n’roll, du rhythm & blues, du reggae… La musique moderne, pour moi, c’est comme si tout était devenu trop grand. Il y a beaucoup de talents, il y en a au moins autant qu’avant, mais la façon dont ça s’exprime, le marketing, j’ai du mal avec ça. Pourtant, c’est inévitable : Internet, les sites web, la globalisation. Ça rend les choses plus difficiles. Tout est là, mais la façon de canaliser les choses est plus difficile qu’avant. A notre époque, c’était beaucoup plus facile de démarrer. Je veux dire : il y avait les Beatles et basta. (Rires.)
Comment réagissez-vous au fait qu’aujourd’hui parents, enfants et même grands-parents écoutent la même musique ? Avant c’était un sérieux sujet de conflit.
C’est une chose étrange. A partir des sixties et des seventies, c’est comme si tout le monde avait la même référence. Même le hip-hop est considéré comme quelque chose de nouveau. Pour moi, ça ne sonne pas «nouveau»… De toute façon, est-ce que la musique doit être nouvelle pour être intéressante ? Elle doit être bonne, c’est tout, avant même de tendre vers quelque chose de moderne.
Mais il y a longtemps, les gens se battaient. Les parents et les enfants se battaient…
C’est un peu comme si le rock avait lancé un pont entre les générations. Comme vous dites, les parents et les grands-parents peuvent écouter la même musique tout en comprenant ce qui se passe. Sans doute que la Deuxième Guerre mondiale a joué un rôle dans cette histoire de générations. Vous savez, moi, j’ai grandi juste après, et la phrase que j’entendais le plus venant des parents, des adultes, c’était : «Avant la guerre…» On n’a pas réalisé d’enregistrements pendant la guerre parce que les matières premières pour fabriquer les vinyles étaient utilisées pour autre chose. Je suis convaincu que ça a fait un sacré break dans les goûts musicaux générationnels. Tout a volé en éclats.
Mais vous ne pensez pas qu’en chemin, le rock a perdu une bonne part de son caractère transgressif?
Oui, c’est ce que je pense. Les premiers enregistrements de rock’n’roll sont vraiment intéressants. Parce qu’ils sont faits de façon si archaïque… je veux dire, sans l’intrusion de la high-tech. Un magnétophone bibande et quelques gars. Ce degré de non-sophistication, le fait de ne pas avoir toutes ces possibilités de changer… ça donnait de l’immédiateté, juste le fait de capturer un moment. Chose qu’on ne peut plus faire à présent en raison de toute la technologie. Si vous voulez enregistrer un bon groupe de rock, vous le mettez dans une pièce comme celle-ci, vous placez un micro là-haut et vous appuyez sur «record». C’est comme ça qu’on obtient un vrai bon enregistrement, pas en poussant des boutons derrière une console. Ça doit venir comme ça, direct.
A propos de transgression, vous dites dans le livre que les drogues vous ont protégé contre la pression du star-system, que vous ne vouliez pas être une rock-star. C’est plus facile pour vous aujourd’hui que vous êtes clean?
J’ai utilisé la drogue comme un tampon contre les autres aspects de la notoriété. J’ai aussi réalisé combien c’était stupide parce que, quand on fait ce que je fais, il vaut mieux être connu (rires). La drogue, c’était mon moyen de résoudre cette contradiction. Jusqu’à ce que je décide que ça n’était vraiment pas la bonne réponse.
Comme vous le rappelez à plusieurs reprises, vous êtes un homme de performances surnaturelles… comme rester neuf jours sans dormir ! Ou s’enfiler 8 grammes de coke d’un coup… Y en a-t-il une dont vous soyez particulièrement fier?
C’est vrai, mais je ne suis pas nécessairement fier de tout ça. Ce ne sont pas des choses que je prévois en me disant «tiens, je ne vais pas dormir pendant neuf jours», non, ce sont des choses qui arrivent. D’ailleurs, quand vous avez veillé trois ou quatre nuits d’affilée, tout peut arriver… Ces choses-là, on n’y pense pas, d’un seul coup tu te dis : «Tiens, ça fait une semaine que j’ai pas dormi.» Il semblerait que j’ai une très bonne constitution. Très résistant.
Aujourd’hui, quand vous passez les frontières, les douaniers vous demandent-ils de poser pour une petite photo de famille?
Je prends des avions privés. (Rires.)
Et pareil, si un flic vous arrête pour un excès de vitesse, il sort son portable pour un petit souvenir?
Aujourd’hui, les policiers sont très courtois avec moi, limite aimables… (Rires.) De toute façon, je ne fais plus d’excès de vitesse.
Comment avez-vous réagi après votre chute de cocotier et votre délicate opération du crâne, quand vous avez réalisé que Tony Blair en personne était un de vos fervents supporteurs?
C’était incroyable, vraiment ! Oui… Tony Blair, Bill Clinton aussi. Il est poilant, Clinton. Obama aussi s’est manifesté… Vraiment dingo d’imaginer que ces gens qui dirigent des pays sont fans de vous.
Vous entretenez une relation très forte avec Paris et la France. Vous avez même élu résidence à Paris…
J’y suis toujours, enfin souvent… J’habite au coin de la rue, littéralement. J’ai toujours eu de très fortes affinités avec les Français. La première fois que j’ai vécu ici, c’était pendant Exile on Main Street, à Villefranche [Villefranche-sur-Mer, pendant l’enregistrement de l’album, en 1970, ndlr]. Tous ces gens fascinants, bizarres, sur la côte… On a beaucoup enregistré ici. J’ai presque fini par devenir un Parisien. Bon, j’ai oublié tout mon français, mais ça reviendra. J’ai beaucoup de plaisir à être dans cette ville, son rythme naturel, la façon dont on fait les choses… et j’y ai de vrais amis. Je pense qu’on a plus enregistré ici que partout ailleurs. Je me suis toujours senti très à l’aise à Paris.
Quand vous aviez cet appartement rue Saint-Honoré, vous êtes-vous déjà retrouvé dans des situations délicates avec vos voisins ?
Oh, le mari de la concierge, à l’époque, il était chauffeur de taxi. Il habitait juste au-dessus de moi et, bien sûr, dans mon appartement, je fais beaucoup de bruit, je joue de la musique. Un jour, il est devenu fou et il a défoncé ma porte à coups de hache ! J’ai rien fait de particulier, juste une nouvelle porte… en acier trempé. Et puis de nouveau j’ai mis la musique à fond. Il est redescendu, mais cette fois c’est lui qui s’est défoncé sur ma porte. (Rires.)
Vous avez eu une très forte influence sur l’acteur Johnny Depp, et il s’est inspiré de vous pour jouer Jack Sparrow. Avez-vous eu le sentiment de vous voir joué à l’image ?
Je ne pense pas que ce soit une usurpation d’identité, juste un truc de «langage du corps». Je ne me souviens pas d’avoir enseigné quoi que ce soit à Johnny, à part peut-être comment tourner au coin de la rue quand tu es vraiment bourré… sans décoller le dos du mur. Il était tout le temps en train de m’observer à mon insu. C’est un bon ami, j’adore ce mec.
Ça vous fait quoi d’être devenu un personnage de cartoon, le père de Jack Sparrow ?
J’aime beaucoup ça. Un personnage de cartoon, c’est quand même le sommet de la gloire : tu deviens une icône identifiable. J’aime les dessins animés, les gags… Oui, il va me falloir vivre avec. (Rires.) En même temps, j’ai toujours un peu joué à ça avec les Stones.
Dans votre livre, on trouve des citations très drôles sur des icônes culturelles comme Allen Ginsberg («vieux sac à pets») ou Jean-Luc Godard, à propos du film que vous avez tourné ensemble (One + One). Mais vous devriez être prudent, JLG c’est une institution en France !
Ah ah ah… (La réponse se résume à un rire catarrheux de vieux chacal.)
Qu’est-ce que ça vous fait de passer pour un vieil homme sage vers lequel on se tourne pour lui demander conseil ?
C’est toujours mieux que d’être un jeune homme mort… Je ne sais pas, je pense que j’ai encore beaucoup à apprendre. Je ne me suis jamais considéré comme un sage. Quand on a vécu ce que j’ai vécu, il en ressort forcément une certaine sagesse… Il faut juste pouvoir l’exprimer avec un peu d’esprit.
Vous avez entendu parler de ces recueils, comme Qu’en pense Keith ? qui compilent certaines de vos déclarations ?
Oui j’ai vu ça.
On dirait des aphorismes…
Qui peut bien acheter ça ?
Moi! C’est vraiment marrant. Mais pas que. C’est souvent profond et définitif.
Peut-être suis-je plus sage qu’on ne le croit.

27Life, la bio du vieux Keith - Page 2 Empty Re: Life, la bio du vieux Keith Ven 10 Déc - 16:54

Fred

Fred
Femme à lunettes

Cela fait plus de deux semaines que mon mari m'a offert ce livre pour le lire Mr Green Comme il ne l'entame pas, je vais le couvrir (quoique la couverture à l'air assez solide et elle comprend des sortes de volets..ça ne sera pas nécessaire du coup...) et le lire au calme dans le dodo les soirs d'insomnies. (pas sure que je lise longtemps car le pavé pèse tout de même Mr Green )

28Life, la bio du vieux Keith - Page 2 Empty Re: Life, la bio du vieux Keith Ven 10 Déc - 20:45

pilou

pilou
jamais content

La couv à replis est une idée de Keith: bonne planque pour une dose de dope... LOL

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