L'économie de la musique 2006
L'industrie du disque a connu de profonds bouleversements ces dernières années, mais la crise économique semble se ralentir aujourd'hui. Analyse de la situation économique en France en 2006.
Les maisons de disques ont dû affronter une crise du disque à partir des années 2003. Cela s'est traduit par une baisse des achats de disques et une chute du chiffre d'affaires du secteur. Aujourd'hui, le secteur de la musique (960 M€) pèse moins que celui des livres (2705 M€) ou que celui des DVDs (1160 M€) (ce qui n'était pas le cas il y a quelques années). Cela s'est traduit alors dans les magasins par une hausse de la place accordée aux DVDs au détriment des CDs.
La baisse des ventes de disques entraîne aussi une baisse des certifications. Moins d'artistes reçoivent des disques d'or. Il y a eu alors un changement dans les critères d'attribution de disques d'or. Avant le 1er juillet 2006, pour avoir un album récompensé disque d'argent, d'or, de platine ou de diamant, il fallait vendre respectivement plus de 50 000, 100 000, 300 000 ou 1 000 000 albums. De même, pour avoir un single récompensé disque d'argent, d'or, de platine ou de diamant, il fallait vendre respectivement plus de 125 000, 250 000, 500 000 ou 750 000 singles.
Depuis cette date, la barre pour décrocher l'argent est de 350 000 albums ou 100 000 singles. Le disque d'or n'est attribué qu'à ceux qui vendent plus de 750 000 albums ou 200 000 singles. Le platine revient aux artistes qui vendent plus de 200 000 albums ou 300 000 singles. Enfin le disque de diamant récompense ceux qui vendent plus de 750 000 albums ou (500 000 singles)
Réorganisation du marché
Moins visibles sont les changements au sein des maisons de disques. Ainsi, les labels indépendants disparaissent. De même, on a pu constater des licenciements en masse dans les grandes maisons de disques (appelées aussi majors) et aussi des fusions-acquisitions. On peut citer par exemple, le rachat de Warner par AOL en 2002, ou la fusion entre SONY et BGM en 2004. On observe alors une concentration du marché. Aujoud'hui, il n'y donc plus que 4 grands acteurs sur le marché - Universal, SonyBMG, Warner et EMI - qui représentent 95% du marché. Des projets de fusion entre EMI et Warner sont en cours...
Une nouvelle façon de « consommer » la musique : comment les majors limitent-elles les dégâts ?
Les majors réagissent face aux nouvelles façons de consommer la musique. Une des premières mesures (principalement menée par EMI et SONY) a été de verrouiller les disques par un système de copy control. Ce système s'est révélé peu efficace (les albums étaient toujours disponibles sur les sites d'échange), pénalisant pour l'acheteur (car les disques étaient parfois illisibles sur certains lecteurs cd) et illégal. En effet, la loi française autorise la copie à usage privé. Des procès ont eu lieu et ils ont donné tort aux majors. Aujourd'hui, ce système a été abandonné.
Les majors agissent aussi en diminuant leurs marges en baissant le prix du disque, l'argument des pirates étant souvent que la musique coûtait trop cher. Ainsi le prix du single est passé de 5€ en 2000 à 3.8 € aujourd'hui. De même, il n'est plus rare de trouver un album nouveauté entre 12.99€ ou 14.99€ contre 17€ il y a quelques années. Enfin, on observe une multiplication des campagnes de promotion. Par exemple, il n'est plus rare de voir de nombreux albums à 8.99€ deux ans après leur sortie.
Malheureusement, ces efforts des maisons de disques ne se font pour l'instant pas trop sentir sur les ventes. Ainsi le single peine à retrouver le niveau de ventes d'antan et on envisage la suppression du format d'ici quelques années. Par exemple, pour être numéro 1 des ventes singles, il suffit de vendre en 2006 environ 40 000 exemplaires (contre environ 100 000 en 1999).
Les majors décident donc de multiplier les supports pour répondre aux différents besoins des consommateurs.
On observe ainsi le boom des ventes des sonneries de portable (3€ pour avoir un extrait de 30 secondes d'une musique). On peut le comparer au prix du téléchargement d'un titre à 1€ et voir que cela est très rentable pour les maisons de disques (ainsi que les opérateur de mobiles).
Le téléchargement légal tend aussi à se démocratiser avec la multiplication des plateformes de téléchargement légal et l'effort de communication (lire aussi l'article sur la musique en ligne ici). On peut noter l'initiative de SONY qui propose des lecteurs mp3 et des clés USB contenant l'album d'un artiste SONY BMG.
Pour ceux qui préfèrent avoir un rapport plus matériel avec la musique, les majors ont trouvé multiples innovations.
Ainsi, on essaie d'instaurer une relation plus proche entre l'artiste et l'acheteur du disque par le système de l'Opendisc. L'acheteur insère son cd dans son ordinateur et peut avoir un accès privé à l'univers d'un artiste et télécharger des vidéos inédites par exemple. Malheureusement, le système est souvent temporaire et les exclusivités sont peu nombreuses.
Une autre bataille est aussi en train de se mener entre les majors pour instaurer le successeur du cd audio. Ainsi Universal Music promeut le SACD (super audio cd), SONY BMG le dual disc (une face à mettre dans son lecteur cd, une autre face pour le lecteur dvd), les autres plutôt le dvd audio.
Un autre moyen pour vendre plus de disques est la sortie d'éditions limitées avec un packaging sympa et/ou un dvd supplémentaire et/ou des titres bonus. Cela crée l'impression de rareté pour le collectionneur qui peu ainsi acheter plusieurs versions d'un même album. En plus, le prix de ces éditions limitées est en général autour de 19€ ce qui permet une meilleure marge pour la maison de disque. Le problème est qu'il faut donner l'impression de rareté ; Or on observe trop souvent des éditions limitées invendues (l'édition limitée n'était pas si limitée que ça) ou la multiplication des éditions limitées pour un même album (par exemple, l'album de Grégory Lemarchal existe sous six versions différentes dont 5 éditions limitées : la version normale, la version digipack limitée, une réédition avec un titre bonus, le digipack dvd pour noel, l'édition fourreau à prix spécial et l'édition slide pack).
Les artistes gagnant beaucoup moins d'argent sur les ventes de disques compensent cela par la hausse du prix des billets de leurs concerts. Ainsi, il n'est plus rare de voir des places de concert à 150€ pour voir des artistes comme Madonna, U2, Johnny Hallyday ou Mylène Farmer. Enfin, la diversification passe par la multiplication des DVDs musicaux (concerts et/ou documentaire sur un artiste). Ce support est très prometteur, en pleine croissance et très rentable. En effet, le coût de réalisation et de production d'un dvd musical est environ le même que celui d'un album alors qu'il coûte en magasin en moyenne 20€ (contre 15€ pour un album).
Aujourd'hui, les majors ne connaissent plus les chutes brutales de 30% comme il y en a eues il y a quelques années. Mais elles doivent redoubler d'efforts pour être en accord avec les attentes des consommateurs et retrouver peut-être une période de prospérité comme celles des années 1980-1990. Cela passera par une prise de risque et la capacité à découvrir et signer de nouveaux artistes talentueux.
Source : esseclive.com
L'industrie du disque a connu de profonds bouleversements ces dernières années, mais la crise économique semble se ralentir aujourd'hui. Analyse de la situation économique en France en 2006.
Les maisons de disques ont dû affronter une crise du disque à partir des années 2003. Cela s'est traduit par une baisse des achats de disques et une chute du chiffre d'affaires du secteur. Aujourd'hui, le secteur de la musique (960 M€) pèse moins que celui des livres (2705 M€) ou que celui des DVDs (1160 M€) (ce qui n'était pas le cas il y a quelques années). Cela s'est traduit alors dans les magasins par une hausse de la place accordée aux DVDs au détriment des CDs.
La baisse des ventes de disques entraîne aussi une baisse des certifications. Moins d'artistes reçoivent des disques d'or. Il y a eu alors un changement dans les critères d'attribution de disques d'or. Avant le 1er juillet 2006, pour avoir un album récompensé disque d'argent, d'or, de platine ou de diamant, il fallait vendre respectivement plus de 50 000, 100 000, 300 000 ou 1 000 000 albums. De même, pour avoir un single récompensé disque d'argent, d'or, de platine ou de diamant, il fallait vendre respectivement plus de 125 000, 250 000, 500 000 ou 750 000 singles.
Depuis cette date, la barre pour décrocher l'argent est de 350 000 albums ou 100 000 singles. Le disque d'or n'est attribué qu'à ceux qui vendent plus de 750 000 albums ou 200 000 singles. Le platine revient aux artistes qui vendent plus de 200 000 albums ou 300 000 singles. Enfin le disque de diamant récompense ceux qui vendent plus de 750 000 albums ou (500 000 singles)
Réorganisation du marché
Moins visibles sont les changements au sein des maisons de disques. Ainsi, les labels indépendants disparaissent. De même, on a pu constater des licenciements en masse dans les grandes maisons de disques (appelées aussi majors) et aussi des fusions-acquisitions. On peut citer par exemple, le rachat de Warner par AOL en 2002, ou la fusion entre SONY et BGM en 2004. On observe alors une concentration du marché. Aujoud'hui, il n'y donc plus que 4 grands acteurs sur le marché - Universal, SonyBMG, Warner et EMI - qui représentent 95% du marché. Des projets de fusion entre EMI et Warner sont en cours...
Une nouvelle façon de « consommer » la musique : comment les majors limitent-elles les dégâts ?
Les majors réagissent face aux nouvelles façons de consommer la musique. Une des premières mesures (principalement menée par EMI et SONY) a été de verrouiller les disques par un système de copy control. Ce système s'est révélé peu efficace (les albums étaient toujours disponibles sur les sites d'échange), pénalisant pour l'acheteur (car les disques étaient parfois illisibles sur certains lecteurs cd) et illégal. En effet, la loi française autorise la copie à usage privé. Des procès ont eu lieu et ils ont donné tort aux majors. Aujourd'hui, ce système a été abandonné.
Les majors agissent aussi en diminuant leurs marges en baissant le prix du disque, l'argument des pirates étant souvent que la musique coûtait trop cher. Ainsi le prix du single est passé de 5€ en 2000 à 3.8 € aujourd'hui. De même, il n'est plus rare de trouver un album nouveauté entre 12.99€ ou 14.99€ contre 17€ il y a quelques années. Enfin, on observe une multiplication des campagnes de promotion. Par exemple, il n'est plus rare de voir de nombreux albums à 8.99€ deux ans après leur sortie.
Malheureusement, ces efforts des maisons de disques ne se font pour l'instant pas trop sentir sur les ventes. Ainsi le single peine à retrouver le niveau de ventes d'antan et on envisage la suppression du format d'ici quelques années. Par exemple, pour être numéro 1 des ventes singles, il suffit de vendre en 2006 environ 40 000 exemplaires (contre environ 100 000 en 1999).
Les majors décident donc de multiplier les supports pour répondre aux différents besoins des consommateurs.
On observe ainsi le boom des ventes des sonneries de portable (3€ pour avoir un extrait de 30 secondes d'une musique). On peut le comparer au prix du téléchargement d'un titre à 1€ et voir que cela est très rentable pour les maisons de disques (ainsi que les opérateur de mobiles).
Le téléchargement légal tend aussi à se démocratiser avec la multiplication des plateformes de téléchargement légal et l'effort de communication (lire aussi l'article sur la musique en ligne ici). On peut noter l'initiative de SONY qui propose des lecteurs mp3 et des clés USB contenant l'album d'un artiste SONY BMG.
Pour ceux qui préfèrent avoir un rapport plus matériel avec la musique, les majors ont trouvé multiples innovations.
Ainsi, on essaie d'instaurer une relation plus proche entre l'artiste et l'acheteur du disque par le système de l'Opendisc. L'acheteur insère son cd dans son ordinateur et peut avoir un accès privé à l'univers d'un artiste et télécharger des vidéos inédites par exemple. Malheureusement, le système est souvent temporaire et les exclusivités sont peu nombreuses.
Une autre bataille est aussi en train de se mener entre les majors pour instaurer le successeur du cd audio. Ainsi Universal Music promeut le SACD (super audio cd), SONY BMG le dual disc (une face à mettre dans son lecteur cd, une autre face pour le lecteur dvd), les autres plutôt le dvd audio.
Un autre moyen pour vendre plus de disques est la sortie d'éditions limitées avec un packaging sympa et/ou un dvd supplémentaire et/ou des titres bonus. Cela crée l'impression de rareté pour le collectionneur qui peu ainsi acheter plusieurs versions d'un même album. En plus, le prix de ces éditions limitées est en général autour de 19€ ce qui permet une meilleure marge pour la maison de disque. Le problème est qu'il faut donner l'impression de rareté ; Or on observe trop souvent des éditions limitées invendues (l'édition limitée n'était pas si limitée que ça) ou la multiplication des éditions limitées pour un même album (par exemple, l'album de Grégory Lemarchal existe sous six versions différentes dont 5 éditions limitées : la version normale, la version digipack limitée, une réédition avec un titre bonus, le digipack dvd pour noel, l'édition fourreau à prix spécial et l'édition slide pack).
Les artistes gagnant beaucoup moins d'argent sur les ventes de disques compensent cela par la hausse du prix des billets de leurs concerts. Ainsi, il n'est plus rare de voir des places de concert à 150€ pour voir des artistes comme Madonna, U2, Johnny Hallyday ou Mylène Farmer. Enfin, la diversification passe par la multiplication des DVDs musicaux (concerts et/ou documentaire sur un artiste). Ce support est très prometteur, en pleine croissance et très rentable. En effet, le coût de réalisation et de production d'un dvd musical est environ le même que celui d'un album alors qu'il coûte en magasin en moyenne 20€ (contre 15€ pour un album).
Aujourd'hui, les majors ne connaissent plus les chutes brutales de 30% comme il y en a eues il y a quelques années. Mais elles doivent redoubler d'efforts pour être en accord avec les attentes des consommateurs et retrouver peut-être une période de prospérité comme celles des années 1980-1990. Cela passera par une prise de risque et la capacité à découvrir et signer de nouveaux artistes talentueux.
Source : esseclive.com