RAP
Débauché par Jay-Z, le groupe de Philadelphie atterrit chez Def Jam et sort Game Theory, huitième album survolé par le souvenir de J Dilla.
JEAN-FRÉDÉRIC DEBÉTAZ
Publié le 23 août 2006
THE ROOTS: Le groupe de Philadelphie joue gros et emporte la mise, avec un nouvel album qui démontre que le hip-hop sait toujours se montrer inventif.
Lorsque Jay-Z s'est vu confier le poste de CEO de Def Jam, l'ancien gamin du ghetto de Marcy n'a pas chaumé. Après avoir sorti de sa manche Rihanna, Ne-Yo, Young Jeezy et Rick Ross, le nouveau boss du label a fait signer deux légendes du rap: Nas et The Roots. Rien de bien étonnant si l'on se souvient qu'en 2001, ?uestlove et sa bande avaient joué au côté de Jay-Z à l'occasion de son Unplugged sur MTV. De cette collaboration (d) étonnante, les Roots et Jay-Z ont conservé un lien relativement fort, conduisant logiquement à la signature du groupe chez Def Jam en septembre 2005. Pourtant, bien que les Roots soient une formation prisée des amateurs de hip-hop, ils sont loin d'être «bankables» comme on aime à le dire chez les traders de Manhattan. Qu'à cela ne tienne! Fervent admirateur du band, Jay-Z demeure certain de son coup et leur laisse carte blanche.
De l'émotion
Produit quasi entièrement à l'interne – hormis Can't Stop This composé par J Dilla – Game Theory fait toujours la part belle aux arrangements live. Cette patte inhérente aux Roots, riche en accortes mélodies, démontre piste après piste que le hip-hop peut encore provoquer de saines et nobles émotions. Il suffit pour cela d'écouter le socialisant Don't Feel Right magnifiquement soutenu par le chorus de Maimouna Youssef, jeune chanteuse de Baltimore recalée de la seconde saison du télé crochet American Idol en 2002.
Tandis que sur leur dernier album – The Tipping Point – Black Thought soliloquait jusqu'à la toile, Game Theory redonne plus de place au second MC du combo, Malik B., puisque l'autre rappeur dédouble Black Thought sur trois morceaux. On retrouve également deux membres du groupe Nouveau Riche (le rappeur Dice Raw et le batteur John-John), formation nouvellement maquée avec les Roots et qui puise son inspiration aussi bien des racines du rap que de Radiohead ou Sonic Youth. L'apport de John-John amène d'ailleurs une petite touche rock, comme sur Livin'In A New World, Here I Come ou ce sample de Radiohead sur Atonement. Quant à l'hommage à leur pote James Yancey (J Dilla) décédé en février dernier, il permet de se rendre compte des qualités du bonhomme derrière les manettes et de son oreille de sampleur, symbolisée par la boucle idoine du All I Do Is Think Of You des Jackson 5. On aimerait vraiment prendre racine plus souvent!
The Roots, Game Theory, Def Jam (distr. Universal).
Débauché par Jay-Z, le groupe de Philadelphie atterrit chez Def Jam et sort Game Theory, huitième album survolé par le souvenir de J Dilla.
JEAN-FRÉDÉRIC DEBÉTAZ
Publié le 23 août 2006
THE ROOTS: Le groupe de Philadelphie joue gros et emporte la mise, avec un nouvel album qui démontre que le hip-hop sait toujours se montrer inventif.
Lorsque Jay-Z s'est vu confier le poste de CEO de Def Jam, l'ancien gamin du ghetto de Marcy n'a pas chaumé. Après avoir sorti de sa manche Rihanna, Ne-Yo, Young Jeezy et Rick Ross, le nouveau boss du label a fait signer deux légendes du rap: Nas et The Roots. Rien de bien étonnant si l'on se souvient qu'en 2001, ?uestlove et sa bande avaient joué au côté de Jay-Z à l'occasion de son Unplugged sur MTV. De cette collaboration (d) étonnante, les Roots et Jay-Z ont conservé un lien relativement fort, conduisant logiquement à la signature du groupe chez Def Jam en septembre 2005. Pourtant, bien que les Roots soient une formation prisée des amateurs de hip-hop, ils sont loin d'être «bankables» comme on aime à le dire chez les traders de Manhattan. Qu'à cela ne tienne! Fervent admirateur du band, Jay-Z demeure certain de son coup et leur laisse carte blanche.
De l'émotion
Produit quasi entièrement à l'interne – hormis Can't Stop This composé par J Dilla – Game Theory fait toujours la part belle aux arrangements live. Cette patte inhérente aux Roots, riche en accortes mélodies, démontre piste après piste que le hip-hop peut encore provoquer de saines et nobles émotions. Il suffit pour cela d'écouter le socialisant Don't Feel Right magnifiquement soutenu par le chorus de Maimouna Youssef, jeune chanteuse de Baltimore recalée de la seconde saison du télé crochet American Idol en 2002.
Tandis que sur leur dernier album – The Tipping Point – Black Thought soliloquait jusqu'à la toile, Game Theory redonne plus de place au second MC du combo, Malik B., puisque l'autre rappeur dédouble Black Thought sur trois morceaux. On retrouve également deux membres du groupe Nouveau Riche (le rappeur Dice Raw et le batteur John-John), formation nouvellement maquée avec les Roots et qui puise son inspiration aussi bien des racines du rap que de Radiohead ou Sonic Youth. L'apport de John-John amène d'ailleurs une petite touche rock, comme sur Livin'In A New World, Here I Come ou ce sample de Radiohead sur Atonement. Quant à l'hommage à leur pote James Yancey (J Dilla) décédé en février dernier, il permet de se rendre compte des qualités du bonhomme derrière les manettes et de son oreille de sampleur, symbolisée par la boucle idoine du All I Do Is Think Of You des Jackson 5. On aimerait vraiment prendre racine plus souvent!
The Roots, Game Theory, Def Jam (distr. Universal).